Nous voulons des coquelicots
Depuis bientôt 10 ans que je nourris mon blog, je ne vous ai jamais sollicités comme je vais le faire aujourd'hui.
J'ai conscience depuis de nombreuses années de l'importance de la qualité de notre alimentation. J'ai petit à petit fait évolué, changé la mienne, et les recettes que je poste aujourd'hui sont sensiblement différentes de mes recettes du début du blog.
Depuis 30 ans, j'introduis de plus en plus d'aliments biologiques ou non traités dans mon panier. Je cuisine des produits de saison pour la plupart, je veille à acheter localement le plus possible de mes produits frais, chez des producteurs BIO.
Chaque année, j'élimine donc de nouveaux aliments ou produits d'entretien, pour les remplacer, (ou pas) par des aliments plus sains.
Depuis au moins 5 ans, je diminue significativement ma consommation de produits carnés. Tout en gardant un comportement social tout à fait flexible: lorsque je suis invitée, lorsque je vais au restaurant je peux tout à fait consommer de la viande, mais je constate qu'avec le temps, je diminue les quantités absorbées, mon goût change.
Les fruits, les légumes, les céréales, les légumineuses constituent aujourd'hui la base de ma cuisine.
Tous ces changements sont payants en termes de santé, une perte très douce de poids, des taux de cholestérol en baisse, une énergie (qui a toujours été conséquente chez moi...) très constante, peu de maladies infectieuses.
Aujourd'hui, il me semble urgent de prendre conscience
-de l'état toujours plus dégradé de la planète et des éco-systèmes.
-de l'incapacité de toutes les politiques menées jusque là, à exiger et obtenir du monde agricole et industriel la diminution significative des pesticides.
-de l'impuissance de l'humain à regarder plus loin que les 90 ans de sa propre existence.
-de l'incapacité récurrente de tirer des leçons des catastrophes passées: Tchernobyl, puis Fukushima n'ont rien fait changer dans les positionnements face au nucléaire et ses dangers (sans parler de la question de retraitement des déchets...que nous allons léguer aux générations futures).
Le scandale du Distilbène et les milliers de bébés malformés, celui de l'amiante et les milliers de cancers professionnels, celui du traitement du dossier du sang contaminé, celui du Médiator, celui en cours du Chlordécone dans les Antilles , réécouter l'émission de ce matin 23 septembre 2018 sur France Inter elle est édifiante, (franchement avec un pareil nom prémonitoire, ce produit ne pouvait pas amener autre chose que des em...), celui des semences rendues stériles qui conduisent des milliers de paysans au suicide...et tous ceux que je ne listerai pas ce soir, car ils sont trop nombreux et surtout...parce que nous n'en avons encore pas connaissance. Tous ces scandales ne nous ont rien appris: le principe de précaution est régulièrement piétiné par les politiques, manipulés par les lobbyistes ou complices des industriels.
N'attendons plus de miracle, il n'y en aura pas. N'attendons plus rien de nos élus quelque soit leur bord, ils ne feront que reproduire le schéma parfaitement rôdé depuis 70 ans.
Aujourd'hui les nourrissons naissent avec environ 200 molécules différentes de pesticides dans le cordon ombilical, les mers et océans se vident de leurs poissons pour se remplir de plastiques, le réchauffement climatique (n'en déplaise à monsieur Trump) fera dans les années qui viennent des centaines de millions d'hommes de femmes et d'enfants déracinés qui fuiront leurs terres devenues stériles ou noyées sous la montée du niveau des mers.
Les films sur ces sujets, "Nos enfants nous accuserons" de Jean-Paul Jaud, "Solutions locales pour un désordre global" de Coline Sereau, "On a 20 ans pour changer le monde" d'Hélène Médigue, Demain de Cyril Dion nous permettent de faire un tour d'horizon de l'ampleur du problème que nous avons créé en à peine plus de 70 ans.
Nous sommes informés aujourd'hui, nous devenons donc individuellement ET collectivement responsables du monde que nous laisserons à nos enfants, petits enfants et arrière petits enfants.
Fabrice Nicolino, journaliste blessé lors de l'attentat dans les locaux de Charlie Hebdo, a 63 ans, sa rage de lutter contre les empoisonneurs est mûre, il a décidé d'agir, d'initier un mouvement.
Il vient de sortir un manifeste, petit livret de quelques 120 pages, co-signé avec François Veillerette; militant de l'association Générations futures: "Nous voulons des coquelicots", au prix de 8€. Ils retracent dans ce petit livre l'histoire des pesticides depuis leur origine, la première guerre mondiale, jusqu'à ce jour.
Les constats sont si graves, les conséquences de tant ...d'inconséquence si lourdes qu'il en appelle à chacun de nous, citoyen, père, mère, fille et fils, grands parents, parents pour se mobiliser pacifiquement chaque premier vendredi de chaque mois pendant 2 ans ( je rajouterai ...au moins...car il faudra tenir ET durer pour être enfin entendus), et nous réunir dans chaque ville, chaque village sur la place de la mairie à 18h30. On arbore notre coquelicot à la boutonnière, on boit un coup, on partage, on discute de notre ville, de notre village, des pesticides autour de nous et en nous déjà...de notre alimentation, de nos approvisionnements de la vie et de l'amour de la Nature: joli programme non?
Ici, à Saint Vincent de Mercuze dans l'Isère, nous vivons entourés de noyers: la fameuse Noix de Grenoble en appellation d'Origine Protégée (AOP) depuis...1938!. c'est une source de revenus importante pour les agriculteurs et un parasite attaque les noyers depuis quelques années: la mouche du brou.
C'est souvent ce qui arrive quand une monoculture devient trop prédominante, l'éco-système peine à se réguler et des parasites ou champignons attaquent...et bien sûr, les fabricants de pesticides ont réponse à tout! et vous savez quoi...s'ils ne peuvent présenter une facture de pesticides anti "mouche du brou"...ben ils risquent une amende! car le traitement est rendu obligatoire par arrêté préfectoral.Donc les agriculteurs traitent chaque année, plusieurs fois par mois, avec des tracteurs équipés de cabines étanches et un pulvérisateur qui projette les pesticides à 10 m de hauteur. Nous, les riverains, nous mangeons sur nos terrasses, nos enfants grignotent les framboises du jardin, jouent dans l'herbe. Croyez bien que le nuage de pesticide (comme celui de Tchernobyl) ne reste pas sagement au dessus des noyers. Donc notre santé de celle de nos enfants et petits enfants est directement menacée. Il va de soit que les apiculteurs désertent la plaine pour tenter de sauver leur ruches et les déposent plus haut en montagne.
Le symbole du coquelicot est puissant car cette fleur ne supporte pas les pesticides: sa présence dans les champs, dans les vignes nous renseigne à coup sur sur l'absence de pesticides.
Chacun, chacune, signez l'appel, Nous voulons des coquelicots et exigez l'arrêt total et définitif des pesticides. Seul et unique moyen de permettre à la Terre de guérir ses plaies et unique façon de mettre TOUS les producteurs à égalité de production et donc de revenus.
Je vous remercie d'avoir lu cette newsletter jusqu'au bout.
Bonne nuit de rêves à tous et à chacun.
Alannie